Trail des Vallées (115km) – 18/03/2023

Reviens sur mon édition 2023 du Trail des Vallées (115km-2700D+) : Ma préparation, le résumé de course, mon ressenti personnel et surtout la mise en application de la Préparation Mentale dans mon sport !

logo trail des vallées

A travers ce récit, je souhaite te montrer la façon dont je mets en place les principes de la Préparation Mentale dans mon sport. Tu y découvriras mes ressentis, mes interrogations, mes erreurs, mes évolutions. J’essaye d’être un maximum transparent afin que tu puisses te projeter dans mes aventures et tirer les conclusions qui peuvent te servir dans ta vie de tous les jours.

Je tiens à rappeler que même en étant coach préparateur mental, je fais des erreurs. Et c’est tout à fait normal, nous en faisons tous et nous en ferons encore. Le plus important étant à chaque fois d’en tirer les leçons et de corriger le tir pour les échéances à venir.

“RENDS TON MONDE PLUS SEXY !”

Leitmotiv chez Nico Anger Coaching

Sur ce, il me reste à te souhaiter bonne lecture, en espérant que tu tires des bénéfices de ce contenu.

Frise décorative

Trail des Vallées : Ma préparation

Course absolument pas prévue en 2023. Initialement, je suis plutôt dans une préparation de marathon. Celui de Nantes, fin avril. Donc je travaille plus de la vitesse (oui le marathon c’est de la vitesse pour moi 🙂 ) que de l’endurance. De plus ces dernières semaines ont été intenses physiquement : ski + travaux de toiture.

Alors pourquoi m’inscrire à ce trail ? Cela ne respecte pas de logique, je te l’accorde. J’en avais juste envie pour retester un départ de nuit (23h) et pour restester une part mon alimentation et équipement aussi. Le tout en prévision de mes gros objectifs 2023 : l’UT4M (juillet) et l’Infernal 200 (septembre). De plus, cette course n’était pas trop loin de chez moi.

Voilà mon état au démarrage : “Ce “petit” ultra devrait se passer sans encombre. Ok il y a un peu de fatigue lié à la prépa marathon et à mes activités autour mais ça devrait très bien le faire.

Je vais prendre une sacré claque et une belle leçon d’humilité.

Frise décorative

Trail des Vallées : Résumé

KM0 – Saint-Pierre-de-Plesguen

POINT PARCOURS

Ils annonçaient de la pluie toute la nuit ! Finalement il pleuvra toute la journée du samedi mais rien pendant toute la durée du parcours. Très bonne nouvelle. En revanche le parcours va se retrouver très gras, rendant les appuis plus instables et fatigants.

Une petite sieste vers 18h pour tenir la nuit, un bon plat de pâtes le soir et j’arrive presque frais sur la ligne de départ à 23h.

Au départ du trail des vallées avec l'équipe CàP
Départ encore tout frais et tout propre avec l’équipe CàP

POINT MENTAL

Dans ma tête, je suis encore serein. Avec la certitude de pouvoir faire un départ rapide et puis de me calmer pour finir tranquillement.


KM23 – Château de Coëtquen – 1h53min04

POINT PARCOURS

trail des vallées de nuit
Au milieu de la nuit

Je pointe au château en 2ème position. Normalement, je ne pars pas aussi vite lors des trails en montagne car je connais les difficultés qui m’attendent. Là je me dis que ça va passer car le dénivelé est censé être moins costaud. Je veux aussi réveiller le corps qui n’a pas l’habitude de faire un effort physique à cette heure. Le plan était donc, partir vite les premiers km et ralentir derrière.

On parcourt beaucoup de chemins monotraces forestiers avec pas mal de boue et de zones détrempées. Franchement c’est un régal. Le genre de chemin où je m’éclate en sorties longues. Des petites montées, des petites descentes, pour le moment elles sont agréables. Mais un peu avant le château, je sens déjà les jambes qui me tirent.

POINT MENTAL

J’ai un gros : “Quoi déjà ? Ce n’est pas normal d’avoir les jambes qui tirent aussi vite !“. Je sais d’office que la course va être longue, il va falloir limiter la casse.


KM43 – Port du Lyvet – 4h41min16

POINT PARCOURS

Je pointe en 3ème position. J’ai déjà sacrément réduit le rythme car je sens que ce n’est pas mon jour (ou ma nuit pour l’instant). Les chemins en monotrace s’enchaînent. Le parcours restent toujours un plaisir même si les jambes me brûlent.

On est bien enfoncé au coeur de la nuit, les étoiles brillent dans le ciel, c’est très beau. Il ne fait pas froid mais humide. Parfois, il y a des petites zones de brouillard très localisées qui rendent aveugles avec la frontale.

POINT MENTAL

Je suis dans un état d’esprit de contrôle en limitant mon effort. Je me focus principalement sur mon champs d’actions possibles à ce stade : m’alimenter et boire en quantité suffisante. En résumé, j’essaye de protéger ma zone BIEN-ÊTRE (ma bulle de confort) dans laquelle je vais puiser des ressources et ainsi tenir la PERFORMANCE de continuer. J’ai fais une petite BD là-dessus.

Si tu as suivi mes précédentes aventures de trail, tu te souviens de mes problèmes d’alimentation en 2023. Le point positif est que j’arrive beaucoup mieux à les gérer maintenant.


KM68 – Camping de Beauséjour / Sac de délestage – 8h13min25

POINT PARCOURS

Je pointe en 11ème position. Cette portion est très longue car la nuit tire en longueur. Je n’arrive plus à trottiner sur les petites montées et descentes… On fait beaucoup de petits zigzags dans les bois. J’ai vraiment hâte que le soleil se lève.

Nous avions le droit à un petit sac de délestage. J’avais surtout prévu des habits sec au cas où la pluie sévisse. Finalement, c’était inutile mais vaut mieux prévenir que guérir ! J’y récupère mon ravitaillement spécial maison : sandwich beurre cacahuète, avocat, viande grison, fromage + pompote + barres fruitées + Miel Apirun.

POINT MENTAL

Je cours seul depuis le début mis à part les quelques coureurs qui me dépassent. Mais avec qui je n’ai aucune discussion car le rythme est trop différent.

Si tu as lu cet article sur l’Extraversion-Introversion au MBTI (exemple sur la course à pied), tu comprendras que j’ai ce besoin d’extérioriser ce que je vis. Particulièrement quand j’ai besoin de me ressourcer sur l’aspect émotionnel. Et comme il fait toujours nuit, je ne veux réveiller personne pour partager mes déboires. C’est pourquoi cette portion est très désagréable pour moi.


KM93 – Maison de la Rance – 12h52min43

POINT PARCOURS

Je pointe en 27ème position. Le soleil se lève et la chaleur de ses rayons font du bien. Nous passons à Dinan. Qu’est ce que c’est beau ! Une petite ville fortifiée sur les hauteurs de la Rance. J’en oublie un peu les douleurs pour profiter des différentes vues (de loin, de près, dedans…).

Trail des Vallées - Dinan
Passage sur les remparts de Dinan

Par contre une fois la ville passée, on part pour un grand aller-retour. Celui-ci nous ramènera en face de Dinan mais de l’autre côté de la Rance. Cette portion me parait interminable. Si je prends pour référence le temps que je m’étais initialement prévu, j’aurais dû être proche de l’arrivée. Ca fait mal au crane ^^

POINT MENTAL

Le jour se lève donc… je peux appeler des gens ! Oui !!! Merci à tous ceux qui m’ont répondu, écouté. Parler me fait oublier pendant un temps la course en me concentrant sur autre chose.

Plusieurs fois, j’ai eu les larmes aux yeux car les jambes étaient douloureuses. Bien sûr, j’ai voulu arrêter. Mais cet abandon n’était pas envisageable cette fois là. J’avais mal mais je n’étais pas blessé. Maso ? Oui certainement un peu. Mais plus j’avançais, plus je sentais la fierté que j’aurais en passant l’arrivée ! Je me répétais que l’expérience serait précieuse pour les objectifs futurs.


KM107 – Le Péron – 15h42min33

POINT PARCOURS

Je pointe en 31ème position. Et ça continue la descente au classement. Je croise le papa d’un ami qui courait aussi et qui malheureusement a été contraint à l’abandon pour hors-délai. C’est là que j’apprends le nombre d’abandon. Autant dire que ça me booste encore plus à vouloir finir.

Pourtant, je n’arrive toujours pas à courir. J’ai un blocage, je sens les chevilles qui se raidissent, la sensation de pièges à loup autour des cuisses. Je fais un ultime appel à un couple d’amis vers le km 100. Je les aurai au téléphone jusqu’à la ligne d’arrivée ! Formidable de les avoir eu.

POINT MENTAL

Je veux finir mais… j’ai une peur qui s’installe. Je suis tellement lent que la barrière horaire se rapproche dangereusement. Une première pour moi. Il va falloir réussir à débloquer mes jambes sinon l’organisation va me demander de me ranger sur le bas-côté. Après un rapide calcul, je décide de marcher jusqu’au dernier ravitaillement et de tenter le tout pour le tout sur les 8 derniers km.


KM116 – FINISHER du Trail des Vallées en 16h38min58

POINT PARCOURS

Je termine 20ème. Oui, tu lis bien. Après une descente aux enfers toute la course, j’ai enfin retrouvé un gain d’énergie sur ces 8 derniers km pour rattraper 11 concurrents. Inespéré ! Un peu comme les chevaux qui sentent l’écurie et accélèrent sur le chemin retour.

J’apprends à l’arrivée que sur 90 partants, nous ne serons que 32 à terminer. Décidément, ce Trail des Vallées en aura surpris plus d’un. Je tire mon chapeau à cette orga et à ces bénévoles qui nous ont gratifié (en plus de leurs sourires et encouragements) un parcours aussi somptueux que difficile.

POINT MENTAL

Toujours avec mes amis au téléphone, j’ai l’impression de voler. De voler avec du plomb à la place des jambes quand même ! Mais c’est fou ! Je suis à la fois content de pouvoir recourir et aussi je trouve ça dingue/frustrant : pourquoi je n’arrive pas à avoir ce débloquage plus tôt ? Il n’y a qu’à voir les chiffres : je cours les derniers km à environ 5’30/km alors que je suis bloqué au mieux à 8’30/km depuis le km 70.

La douleur est tellement amplifiée dans la tête ! Je pense que c’est bien là, la différence avec les grands champions. Ils arrivent à faire sauter cette barrière les jours de compet’. Ils ont mal comme nous, mais ils arrivent à se dépasser. Je vais continuer à la chercher, cette clé des champions.

Frise décorative

Trail des Vallées – Bilan Prépa Mentale

Je voudrais revenir sur les 3 objectifs que je me fixe avant chaque départ d’ultra, par ordre d’importance :

1 – NE PAS ME BLESSER

J’aime trop courir. La course fait partie de mon équilibre de vie. Je ne suis pas prêt à finir une course à tout pris, si c’est pour rester immobiliser des mois derrière. Ma limite s’arrête ici.

Je dis bien “blesser” et pas “se faire mal”. En s’inscrivant à une course, on signe pour de la galère. On sait qu’on va avoir mal aux jambes, aux ventres, à la tête. Mais pour ma part, c’est réussir à jongler avec cet inconfort qui décuple la fierté personnel à la fin. Car elle permet d’étendre mon cercle de bien-être et de confiance en soi.

Quand je dis “ne pas me blesser”, c’est que je suis arrivé à un stade où je connais très bien les signaux de fatigue et de douleur qu’envoie mon corps (module gestion de l’énergie). Je sais décelé du normal à de l’anormal. Cette connaissance de moi, j’ai mis plusieurs années à la construire au fur et à mesure de mes sorties running.

Lors de cette course, j’ai eu beaucoup de douleurs aux jambes, mais aucune alerte qui me faisait dire : “Là tu vas trop loin, stop !“. Donc premier objectif rempli !

2 – PASSER LA LIGNE D’arrivée

Si le corps le permet, le principal objectif d’un ultra est de le terminer. La douleur comme je l’ai dit plus tôt, on sait qu’on va l’avoir. On sait qu’à un moment donné, le corps et la tête diront : “Stp vieux, range toi sur le bas-côté, on sera mieux dans un lit ou dans un bain chaud“. Donc le but, c’est de passer outre ça et de finir.

Aujourd’hui je visais mieux en terme de résultat. J’ai trop souvent vu des personnes s’arrêter car ils n’étaient pas dans un bon jour bien qu’ils soient loin devant la barrière horaire. Je ne trouve pas ça très sport. Ne serait-ce que par respect pour ceux qui continuent de se battre derrière moi pour terminer. Peut-être que physiquement ils sont moins forts, mais dans la tête et dans l’état d’esprit, ils me mettent une carotte.

Pour moi rater une course n’est pas un échec, mais un apprentissage. L’abandon en revanche est un échec, oui. L’abandon c’est à mes yeux, la porte ouverte à une longue perte de confiance en soi. Tu abandonnes une fois. La fois d’après ton cerveau a imprimé la possibilité d’arrêter. Tu abandonnes une deuxième fois. Et ainsi de suite. Petit à petit, finir une course devient presque un accident de parcours alors que ce devrait être l’inverse.

J’ai abandonné une fois lors de l’Infernal200 2022. Il était hors-de-question que je réitère ça. J’ai réussi à terminer ce Trail des Vallées au mental, et c’est une immense fierté personnelle. Donc deuxième objectif rempli !

3 – FAIRE MA MEILLEURE PERF’

Bon, clairement, c’est l’objectif raté de cette course. J’étais loin de mon plein potentiel physique. Dommage car j’aurais bien aimé briller sur une course locale ! Après, je relativise. Ce Trail des Vallées ne faisait pas parti de mes objectifs phares de 2023. Il était pour moi une course test pour valider certaines routines d’alimentation, d’équipement et autres outils mentaux.

Et pour ce qui est de ces tests, ils sont plus que remplis :

  • ALIMENTATION : Je n’ai jamais ressenti de coup de fringale ou de déshydratation. J’ai réussi à bien alterner entre les différents apports nutritifs.
  • EQUIPEMENT : Travail de la bascule nuit/jour avec le changement d’équipements. Le bob à banane (rencontrant encore un franc succès) qui remplace le frontale. Les vêtements un peu plus léger qui remplacent les vêtements plus chaud de la nuit. C’est des petits détails, mais je suis content de le tester avant les grosses courses de l’été.
  • ROUTINES DE PERFORMANCE : Je le répète souvent, mais le regard des autres, et particulièrement ceux que j’aime, est pour moi une énorme source de motivation et d’engagement. Ce n’est pas le seul, j’en ai des plus personnels. Cependant c’est ce regard qui me pousse à aller chercher l’impossible quand tout chavire dans la tête. Et pour me le rappeler j’ai plusieurs techniques. Ce sont des routines de performance qui me remette dans le droit chemin, vers un état d’esprit plus positif. J’en ai deux très efficaces et j’ai pu les mettre en application durant cette course : 1) Appeler mes proches. 2) Serrer fort dans ma main ma bague emplie des valeurs fortes à mes yeux.

Le résultat est certes frustrant (je reste quelqu’un de très compétitif). Mais il ne vient pas ternir les deux premiers objectifs que j’ai cité plus haut. Je répète, “ne pas me blesser” et “passer la ligne d’arrivée” sont plus importants à mes yeux que “faire ma meilleure perf” !

Frise décorative

Maintenant place à une semaine de récupération. Et c’est reparti pour la Prépa Marathon de Nantes fin avril.

Pour retrouver la trace du parcours : Strava

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