Reviens sur mon premier ultra de 85km en sandales minimalistes lors du Périgord Grand Trail 2023.

A travers ce récit, je souhaite te montrer la façon dont je mets en place les principes de la Préparation Mentale dans mon sport. Tu y découvriras mes ressentis, mes interrogations, mes erreurs, mes évolutions. J’essaye d’être un maximum transparent afin que tu puisses te projeter dans mes aventures et tirer les conclusions qui peuvent te servir dans ta vie de tous les jours.
Je tiens à rappeler que même en étant coach préparateur mental, je fais des erreurs. Et c’est tout à fait normal, nous en faisons tous et nous en ferons encore. Le plus important étant à chaque fois d’en tirer les leçons et de corriger le tir pour les échéances à venir.
“RENDS TON MONDE PLUS SEXY !”
Leitmotiv chez Nico Anger Coaching
Sur ce, il me reste à te souhaiter bonne lecture, en espérant que tu tires des bénéfices de ce contenu.

Ultra trail du Périgord : Mes objectifs
1 – Une dernière course plaisir avant les grosses échéances estivales
L’ultra trail du Périgord ne rentrait pas dans mes objectifs phares de l’année 2023. De plus, il arrivait seulement deux semaines après mon marathon de Nantes (fait également en sandales en 2h56 !). Mon unique but lors de ce trail était donc de finir mon premier ultra en sandales minimalistes.
Quelle surprise à l’arrivée de me voir faire mieux que finisher !!!
A noter que j’avais déjà fait en février la moitié de mon défi perso Tour de Brocéliande en sandales (environ 68km sur les 130km prévu). Cependant là, la course faisait 85km et 2400D+. Un nouveau record personnel à faire tomber. 🙂
Cet ultra trail du Périgord était également l’occasion de courir avec des copains (et des parents de l’un des copains). Partager ces moments de trail est toujours très sympa. Le sport rassemble, même pour des sports individuels ! Et ça laisse des beaux souvenirs en prime.
Ce trail vient donc clôturer ma première partie de saison. Après cette course je m’accorde une petite pause avant d’attaquer ma prépa spécifique trail. UT4M et Infernal Trail des Vosges, attention, j’arrive !
2 – Prendre des repères en sandales
J’ai changé récemment de sandales. Avant je tournais en Xero shoes mais qui ont cassé pendant la préparation marathon. Maintenant, je suis passé sur le modèle Panta.
Au marathon de Nantes, j’avais utilisé le modèle Parnosas (le modèle en rouge sur la photo).
Sur ce trail, j’ai couru avec le modèle Zaros (le modèle en noir sur la photo), qui a une surface adhérente sous la plante des pieds pour moins glisser lorsque c’est humide. Et vu l’humidité dans les hautes herbes au petit matin, j’étais bien content de les avoir.

Mon but à long terme est de courir uniquement en sandales. Même sur des trails de plus de 100km et même en montagne.
Dangereux ? Oui, toujours ! Mais même en chaussures, les chemins en montagne sont dangereux !
Inconscient ? Oui, si je m’y attaque de plein fouet. Non, si je fais ça intelligemment. Par petits pas, en testant toujours un peu plus long, un peu plus dur, un peu plus technique…
C’est comme pour un entraînement, la progressivité est la solution pour laisser le temps au corps de s’adapter et de se renforcer. Combien de temps prendra l’adaptation ? Je n’en sais rien. Nous verrons bien. Continue de me suivre, je partagerai régulièrement mon évolution et mes ressentis. 😉
Petit aparté : On me demande souvent si je n’ai pas peur de courir en sandales en trail. Ma réponse dans l’exemple “course à pied” ici.

Ultra trail trail du Périgord – Résumé
Je rejoins le Périgord quelques jours avant la course. Pas pour l’acclimatation. Juste pour profiter des copains et télétravailler dans ce magnifique cadre périgourdin. Il n’y a pas vraiment de pression pour la course. Tout le monde est là pour prendre du plaisir. Coureurs comme non-coureurs.

Nous ne sommes que deux à prendre le départ du 85km. Les autres courent le 45km et le 17km. Je vous le donne en 1000. Celui qui prend le départ avec moi est … toujours Tanguy ! Mon super copain d’aventure en trail !
Le départ est donné à 5h. Nous nous levons à 3h afin de manger notre petit oeuf au plat et nous laisser le temps de le digérer. Puis direction le départ. A peine 15min de route. Il fait frais, mais ça va vite se réchauffer ! J’enlève ma veste de pluie (il y avait un petit risque). Le speaker lance les dernières consignes… C’est parti pour l’ultra trail du Périgord 2023 !
KM0 – KM35 / 5ème en 3h19min13
POINT PARCOURS


On a le droit à un feu d’artifice au départ. Nous longeons la Dordogne sur 1km, tout droit, tout plat, avant de bifurquer et prendre la première montée. Le but est de me placer pour ne pas être bloqué trop loin derrière dans les monotraces. Je dois être vers la 10/15ème place.
Le rythme se calme direct dans les singles forestiers avec plein d’escaliers irréguliers. Je me sens clairement en sous-régime derrière le groupe. Entre les petits chemins, il y en a des plus gros. Et progressivement, je passe devant un coureur, puis deux, puis trois…
Au premier ravitaillement, je ne m’arrête pas. C’est court 12km, mes réserves nutritionnelles ne sont pas attaquées. Je crois que je suis 7ème à ce moment là. On passe le château de Lanquais qui est magnifique à la lueur des frontales. Un petit groupe de 3 coureurs se forment dans le silence de la nuit qui doucement se termine.

Mais au 2ème point de ravitaillement (km22), le petit groupe éclate. Je profite de cette pause pour ranger la frontale puis sortir les lunettes et mon bob banane. Je cours seul sur cette portion en rattrapant encore quelques coureurs. Au troisième ravitaillement à Saint-Avit Senieur (très joli village), je bipe en 5ème position.
Nous rejoignons le parcours du 45km. Je commence à m’interroger : “Quand vais-je rattraper les premiers retardataires ?“
POINT MENTAL
J’ai aimé ma gestion de l’effort en ce début de course. Sentir cette frustration de ne pas pouvoir aller plus vite car bloqué derrière les groupes, c’est parfait ! C’est de l’économie de course que j’ai tendance à zapper dans mes débuts de trail.
En effet, avec le recul de mes précédentes courses, je crois que c’est ma plus grande source d’erreur à chaque fois. Certains traileurs savent partir vite et temporiser derrière… Pas moi. Je suis plus efficace à jouer les tracteurs au début puis enclencher le mode turbo progressivement ! Note à moi-même : “Nico, bride toi au début !”
Courir avec des coureurs sur cette portion a également été agréable. Bien que nous n’ayons pas beaucoup discuté, juste être dans un groupe est stimulant. J’ai l’impression que l’effort passe beaucoup plus vite, il est plus facile aussi, car je me met dans la foulée du coureur de devant.
D’habitude je démarre mes trails avec de la musique pour me mettre dans mon monde. Là j’ai essayé sans (non en vrai, j’avais oublié mes écouteurs chez moi… 🙂 ). Et bien en fait, c’est très bien passé. Je crois que je préfère la musique surtout quand je me retrouve seul longtemps et de nuit.
KM35 – KM58 / 3ème en 5h52min04
POINT PARCOURS

Je suis très à l’aise oui, physiquement je suis bien. Mais un peu dans les nuages. Je rattrape encore un autre coureur. Je me dis que le podium n’est peut être pas très loin. Le balisage est je trouve, très bien fait. Pourtant, je perd 3/4 minutes car j’ai raté un embranchement vers le km40. Première alerte : “Nico reste concentré. C’est bien beau de penser podium, mais la route est encore longue.“

Je fais mon bonhomme de chemin seul jusqu’au km50 et déjà 4ème ravitaillement. Un peu après celui-ci, j’ai un premier coup de barre. Je m’arrête prendre pom’pote, noix de cajou, fruits secs. La machine se remet en marche tout doucement.
C’est là, qu’un concurrent me rattrape. Il s’appelle Florian. (Petit aparté : Florian si tu passes par là ! Bravo pour ta course déjà ! Et merci, car tu es arrivé à un moment, où je n’étais pas spécialement bien. Courir avec toi m’a dynamisé et relancé !). J’apprends qu’il a eu des problèmes d’estomac dès le départ et pourtant il est là. Il prend mon rythme et on discute un long moment. C’est une partie vraiment agréable pour moi.
Lorsqu’on arrive au ravito du km58, nous rattrapons encore un concurrent qui stoppe sa course. On apprend qu’on est du coup 2 et 3ème. On prend le temps de se ravitailler et on repart ensemble. Je prends de la soupe. Toujours aussi agréable d’avoir ces shoots d’eau chaude salée avec un peu de pâte.
POINT MENTAL
C’est toujours bien de se prendre une petite alerte sans conséquence. Très souvent en trail, quand je me sens trop à l’aise, que je relâche trop mon attention, la punition arrive vite.
Mentalement le trail, c’est pas forcément toujours intense, mais cela demande un niveau de concentration quasi-permanent. Je constate que souvent l’inattention est un des premiers signes qui m’indique : “Attention Nico, ravitaille-toi, le niveau d’énergie commence à baisser“.
Courir avec Florian m’a fait un bien fou ! Très souvent en trail, je me retrouve seul pendant de longues périodes. Je pense que cela impacte mon moral, c’est pour ça que j’ai parfois mon petit rituel d’appeler des amis et la famille en courant. Mais discuter avec quelqu’un de la course, c’est différent. Car même si on ne se reverra certainement plus… à ce moment là, on vit la même chose. C’est un partage éphémère tellement enrichissant et fort !
KM58 – KM70 / 2ème en 7h10min21
POINT PARCOURS

Je cours encore avec Florian jusqu’au ravitaillement du km65. On discute pas mal, c’est vraiment sympa. On rattrape les derniers du 45km. Mais au ravitaillement, moi je me sens bien, je fais un très bref arrêt. Mon camarade doit faire une halte plus longue. Il me dit de partir devant.
Je sais que quelques km plus loin, j’arrive à Trémolat. Et là, tous les copains non-coureurs seront là pour m’encourager. Ca me booste. Mais comme souvent en trail. Les pics d’émotions font souvent suite à un petit down juste derrière. Je dois ralentir pour me réalimenter. Le solide est un peu dur à avaler avec la chaleur qui commence à grimper. J’utilise mes pom’potes, ma recette miracle depuis l’Ultra du Beaufortain de l’année dernière.
Je commence à me noyer dans la “foule” des 45km. En arrivant au camping de Trémolat, Florian est denouveau juste derrière moi. Mais une fois de plus, je suis plus rapide au ravitaillement et je repars devant.
POINT MENTAL
Même constat que dans la partie précédente. Les moments de relâche font place derrière à un petit down énergétique. Et courir avec un concurrent sur une longue période fait du bien au moral.
KM70 – KM85 / Finisher et 2ème en 9h11min32
POINT PARCOURS

Juste après le camping de Trémolat, je passe devant les copains. Ca fait trop plaisir ! Mais je ne prends pas le temps de m’arrêter taper la bise. Je n’ai aucune idée si d’autres concurrents me remontent. J’ai une 2ème place que je compte bien garder maintenant.
Et puis, faire un podium, deux semaines seulement après mon marathon et pour ma première en sandales, ce serait le feu, non ?!
Nous enchaînons plusieurs petites montées/descentes très raides et casse-pattes. En haut, nous avons de magnifiques points de vue sur la Dordogne.
Même si la fin approche, il ne faut pas négliger l’alimentation. Je ressens à nouveau un coup de barre vers le km79. Le dernier ravitaillement est censé ne pas être loin mais je ne le vois pas. Donc je stoppe quelques mètres pour ressortir un mix de fruits secs et les barres énergétiques Apirun. Florian revient à nouveau sur moi mais je le vois entamé. Il a toujours des problèmes de digestion.
On recourt ensemble, si on maintient ce rythme, on est sûr de monter tous les deux sur la boîte. En arrivant au dernier ravitaillement à Dautres, j’ai repris du poil de la bête. Florian, non. Je lui propose de finir à deux. Mais il me dit de partir devant.
Et bien let’s go ! Dans les tous derniers km, je rattrape le papa d’un copain (Gilles) parti sur le 45km. On court quasiment toute la fin ensemble. Je dois tout de même m’arrêter un petit instant pour faire une grosse pause technique (courir en serrant les fesses, ce n’est vraiment pas agréable… 🙂 )
Dans le dernier km, je retrouve les autres copains coureurs du 45km qui ont déjà finis et remontent le parcours pour nous encourager. Comme d’hab’, je retrouve une source d’énergie incroyable du fond des entrailles pour finir comme une bombe. Je n’ai rien à gagner, mais j’aime bien finir fort !
KM 85, je passe l’arche d’arrivée de cet ultra trail du Périgord !
Objectif rempli : Boucler mon premier ultra en sandales minimalistes !
Et sans un seul bobo aux pieds à déclarer !
Avec en bonus une magnifique 2ème place !

POINT MENTAL
Dans cette portion, j’extériorise beaucoup. J’ai mal aux jambes, et je le manifeste par des petits cris et raclements de gorge. Avec l’approche de la fin, je m’encourage aussi à voix haute. Je sais qu’une personne me dit de souffrir en silence (pour rire ou pour de vrai, je ne sais pas).
Perso, ça me fait du bien de sortir les émotions qui m’animent en fin de course, j’ai la sensation de mettre plus d’intensité dans ma course. Donc désolé pour cette personne, je vais continuer à le faire 🙂 . Si je garde ça à l’intérieur, ça me tend ! “Et si j’te dis que j’suis tendu, j’suis tendu ! C’est pas à toi de dire que je ne suis pas tendu ! Je te dis j’suis tendu, Natacha, c’est tout !” (Pour la réf, voir Dikkenek ^^)

Ultra trail du Périgord – Bilan de la Prépa Mentale
Pour conclure cet Ultra trail du Périgord, je voudrais revenir sur deux aspects : Gestion de son énergie (mes articles sur ce sujet ici) et Concentration & Gestion du stress (mes articles sur ce sujet ici) dont je parle lors de mes coaching.

Gestion de son énergie
Gérer son énergie au quotidien est important ! En trail, c’est primordial ! Car j’ai beau renforcer mon mental, le rendre aussi costaud que possible… Si mon corps, ma machine, mon outil de travail est en vrac, j’ai beau avoir le mental, je n’avancerai plus. Et le carburant dont a besoin le corps humain pour fonctionner, c’est bien boire, manger, dormir, respirer ! LA BASE !
Mais attention, ce n’est pas parce que ça semble évident, qu’on y apporte forcément l’attention nécessaire !
Si tu me suis depuis un moment, tu sais que la gestion de mon alimentation a souvent été problématique chez moi l’année dernière. Force est de constater que mes dernières expériences trail se sont fortement améliorées ! J’ai réussi à tirer des leçons de l’an passé. Je m’alimente plus vite, mieux, plus diversifié aussi. J’ai également pris conscience qu’une solution qui marche dans une situation, ne marche peut être pas dans l’autre.
Par exemple, durant cet Ultra trail du Périgord, il faisait chaud, particulièrement dans les 3 dernières heures de course (11h-14h). Le solide passe moins bien pour moi. Même si j’ai trouvé des très bonnes recettes de petits sandwichs… Là avec la température ça ne passe pas. Je sais que pendant ces moments là, il me faut m’alimenter en liquide. Je privilégie donc soupe et pom’pote.
Bref, je me connais mieux, je sais mieux m’adapter et répondre aux besoin de mon corps en course. Ca ne veut pas dire que je n’aurai plus jamais de problèmes, mais je me sens progresser et c’est super gratifiant et motivant ! De très bonne augure en vue de mes deux grosses échéances de l’année (UT4M + Infernal Trail des Vosges) !
Concentration & Gestion du stress
L’un des rôles de la Préparation Mentale est de renforcer la Performance. La Performance se définit par notre aptitude à mettre en application toutes nos capacités à leur top niveau et ainsi fournir la meilleure version de nous-même. Cela demande d’être focus sur l’instant présent, le seul moment où nous avons un pouvoir d’action. Le module Concentration & Gestion du stress est là pour ça.
Durant cette course, j’ai pu expérimenter des fluctuations de ma concentration :
AU TOP : Grâce aux sandales, je me sens très concentré sur ma pose de pieds en chemin forestier et caillouteux. Obligatoire si je ne veux pas me casser la figure !
MOINS TOP : J’ai l’esprit qui part un peu dans tous les sens à la mi-course quand je vois que peut-être je peux faire un podium. Je suis trop plongé dans cet hypothétique futur. Et ça se paye cash avec des erreurs de parcours. Alors, ce n’était pas très long, ce n’était pas très grave cette fois-ci. Mais cela m’alerte pour les prochaines fois !


Voilà, voilà, c’est tout pour moi ! J’espère que ce résumé de course t’a plu et inspiré. Si c’est le cas, je t’invite à le partager autour de toi.
Si tu as des questions, écris-moi un commentaire, je me ferai une joie de te répondre.