Finisher Infernal trail 200km en sandales !

Après mon abandon lors de l’édition 2022 de l’Infernal Trail des Vosges 200km, j’ai rempilé pour l’édition 2023. Mieux que ça, j’ai rempilé en sandales… Mieux que ça, je suis FINISHER !

Une année de persévérance, une année de résilience… une année infernale pleine de détermination, et le résultat a été bien au-delà de mes espérances. Je te propose de revenir sur mon objectif ultime de l’année 2023 !

Si tu préfères le format vidéo : ici.

Leitmotiv chez Nico Anger Coaching
Frise décorative

Pour commencer, l’Infernal Trail des Vosges est LE rendez-vous des traileurs vosgiens. Programmé la semaine post-UTMB, l’édition 2023 fête son 15ème anniversaire. Plusieurs formats de courses sont au programme : 200km, 200km DUO, 130km, 100km, 100km relais, 70km, 70km relais, 30km, 30km relais, 15km…

Pour ma part, j’ai participé au format IT200. 208km pour 10200m de dénivelé positif comme négatif ! L’organisation nous propose un format grandiose à travers le massif vosgien en passant par des points mythiques comme les Ballons d’Alsace.

Profil de l'Infernal

Ma préparation pour l’Infernal Trail

Janvier-Mars : Première partie d’année plaisir avec beaucoup de foncier et une prépa marathon. J’ai alterné entre sandales/chaussures :

Avril : Marathon de Nantes en sandales (2h56). Ma première course officielle avec la marque Panta que j’ai découvert quelques semaines plus tôt.

Avril-Juin : Echauffements pour les grosses échéances trails de la saison 2023. Depuis mars, je ne cours plus qu’en sandales ! :

Juillet : UT4M – DNF au 90ème km – Douleur au genou

Aout : Remise en forme. Suite à l’UT4M, j’ai ressenti une intense fatigue. J’avais perdu la motivation de courir et j’avais clairement pas la tête à la course. Beaucoup de doute et de remise en question sur cette période. Fin Août, je me suis quand même bougé les fesses pour faire la reconnaissance de l’Infernal sur 4 jours (208km / 10000D+). Et ça m’a fait le plus grand bien au moral.

Frise décorative

Si tu veux te faire une idée visuelle du parcours de l’Infernal Trail, je te propose de découvrir ma vidéo retraçant ma reconnaissance du parcours (pas la même que la réf youtube du début d’article) 😉 )

KM0 – Saint Nabord – L’infernale attente avant le départ

Je suis arrivé en début d’après-midi par train sur St Nabord. Il fait beau, il fait chaud, je me pose sur le site en mixant lecture et sieste. Puis Alix, Tanguy et Eli sont arrivés. C’est cool, on discute, mais il est 17h, il reste 7h à attendre !

L’heure de la pasta party approche. Je mange. Lentement. Pour que le temps passe. Ca marche pas trop ! Je ne suis pas spécialement bavard car je sens le stress qui monte. Suis-je prêt ? Est-ce que ce mois d’aout quasiment à l’arrêt (excepté la semaine de reconnaissance) va complètement flinguer ma préparation d’une année ?

Après avoir avalé le repas, je pars m’allonger une heure. A mon réveil, Thomas a rejoint mon équipe d’accompagnateurs. C’est une belle surprise, je ne savais pas.

Tic-tac-tic-tac. Allez l’heure approche, je vais me changer tout dou-ce-ment !

Une des particularités de l’Infernal. C’est ce départ à minuit. C’est long ! Autant un départ à 2h du mat’, je peux faire une micro nuit. Mais là, minuit… à part des semblants de siestes, c’est difficile je trouve ! J’ai l’impression de démarrer la course sur une nuit blanche… déjà !


KM21 – Le Syndicat

Section de course : 21km / D+1060 / D-1060 / Temps section : 2h55

Temps de course total : 2h55 / Cumul D+ : 1060m / Cumul D- : 1060m / Place : 35

Profil tronçon 1/15 de l'infernal trail

Le départ est donné à minuit pétante dans la nuit de jeudi à vendredi. Feu d’artifice, musique envoutante, L’INFERNAL qui s’embrase sur le bord du chemin. Passage de la Moselle sur un petit pont aménagé pour la course. Ca y est, les 170 frontales s’enfoncent dans la nuit au coeur des bois vosgiens.

Ca attaque direct par une série de montées/descentes, tout droit à flan de montagne pour certains, par des petits chemins pour d’autres. Nous passons par le Saint-Mont que l’on verra au loin plusieurs fois après sur le parcours.

Toute cette partie se passe de nuit, et j’arrive au premier ravito, sans mes accompagnateurs. Ils avaient prévu une sieste et je suis arrivé un peu plus tôt que sur mes estimatifs de temps. Oupsiii !

Dans ma tête, je ne me dis pas juste “Il faut que je sois tranquille“, je me dis “Il faut que je sois VRAIMENT TROP tranquille“. A la limite de la frustration en terme de vitesse.

Afin de m’aider à partir lentement, et faire complètement abstraction des coureurs autour de moi, j’ai décidé de partir avec un livre audio dans les oreilles. Comme ça, je me concentre uniquement sur l’histoire. Ca m’évite de tergiverser avec l’excitation de début de course.


KM40 – Col des Hayes (aller)

Section de course : 19km / D+1020 / D-590 / Temps section : 2h58

Temps de course total : 5h53 / Cumul D+ : 2080m / Cumul D- : 1650m / Place : 34

Profil tronçon 2/15 de l'infernal trail

Encore une partie complètement de nuit. On traverse un grand champs avant de s’envoyer quelques petits coups-de-cul à travers bois. Ca reste des petites montées/descentes qui, prises une à une ne font pas très peur. En revanche, leur enchainement infernal est un vrai casse-pattes.

La dernière grande montée de cette portion nous emmène au Haut du roc. Où pour ceux qui le font de jour, il y a une très belle vue sur la vallée. Là à part du noir et des bouts de frontales qui se battent en duel, je ne vois rien ! 🙂

Je retrouve mon équipe au ravito qui sont un peu penauds de m’avoir raté plus tôt. Un sourire, une soupe, un quartier d’orange et c’est oublié. Je repars assez vite. Le passage du premier marathon approche, mais dans la tête c’est comme si j’avais fait 10km.

Au bout de 4h de course, je coupe le livre audio et je ne remettrai plus les écouteurs durant toute la course ! Ca a fait le job, mais là, je sentais une lassitude s’installer à avoir quelque chose qui parle constamment dans les oreilles.

En vrai, j’ai assez peu de souvenirs de cette première partie de course, j’ai vraiment réussi à mettre le cerveau en mode OFF.


KM48 – Travexin

Section de course : 8km / D+330 / D-490 / Temps section : 1h19

Temps de course total : 7h12 / Cumul D+ : 2410m / Cumul D- : 2140m / Place : 26

Profil tronçon 3/15 de l'infernal trail

Portion plutôt cool qui va finir ma première nuit. Je commence à faire le yo-yo avec d’autres coureurs. Un coup je passe devant (souvent en montée) puis ils me redépassent en descente. Avec un peu de discussion au milieu quand même, on n’est pas des bêtes ! 🙂

C’est un fait, avec les sandales, je suis obligé d’aller moins vite en descente. Je ne suis pas encore assez costaud et à l’aise, pour envoyer comme je suis capable de le faire en chaussure.

RAS


KM62 – Bussang

Section de course : 14km / D+550 / D-610 / Temps section : 2h01

Temps de course total : 9h14 / Cumul D+ : 2960m / Cumul D- : 2750m / Place : 29

Profil tronçon 4/15 de l'infernal trail

Grande montée. Grande descente. C’est un bon résumé de cette portion. Je fais une partie de la montée avec Aline, la première féminine que je vais régulièrement croiser jusqu’au KM120 avant qu’elle ne s’envole vers la victoire ! Si tu passes par là : Bravo championne !

A l’arrivée à Bussang, je reçois un tonnerre d’encouragements de ma team d’accompagnateurs (Alix, Tanguy, Thomas, Eli). Je fais des jaloux parmi les autres coureurs. Mais le meilleur reste à venir : Mon premier bain de pieds au ravito !!! Etoiles dans les yeux, rien que d’y repenser !

Et ouais, au bout de 60km, ça commence à chauffer sous la plante des pieds. Les tremper me permet de détendre la peau et les muscles. Et comble du bonheur, j’ai même le droit à un massage de la voute plantaire. Même le spa 4 étoiles, il fait pas mieux !

Premier objectif atteint. Arrivé à Bussang, avec beaucoup de fraicheur au niveau des jambes et la sensation que la course n’a pas encore commencé (dans la tête tout du moins).

J’ai le big smile et je suis empli de pensées positives quant à la portion qui m’attend.


KM76 – La Jumenterie

Section de course : 14km / D+1160 / D-590 / Temps section : 2h40

Temps de course total : 11h54 / Cumul D+ : 4120m / Cumul D- : 3340m / Place : 25

Profil tronçon 5/15 de l'infernal trail

Une grande montée qui nous emmène dominer la vallée de Bussang, un KV méga raide, une descente interminable et une montée en serpentin à travers la piste de VTT de descente. Ce n’est clairement pas une portion de tout repos mais elle est tellement stylée !!! Franchement j’ai adoré.

Le soleil commence à taper fort, ça fait un moment que j’ai ressorti le bob à banane et les lunettes de soleil.

C’est aussi un moment où je commence à sentir un problème dans l’alimentation. Particulièrement dans la 3ème montée. Je ne mange pas autant que je le souhaiterais. Tout ce que j’avais prévu en nourriture ne me donne absolument pas envie, voire même me file la nausée (wrap avocat, cacahuètes, pom’potes…). Pourtant c’est des aliments qui passaient bien lors de ma reco… Même la pizza plaisir qui m’attend à la Jumenterie, j’arrive à en manger 2/3 morceaux et je me sens déjà plein.

Les soucis d’alimentation, ce n’est pas une nouveauté. Je progresse mais ce n’est pas encore optimal.

Ce qui me rassure, c’est que j’arrive quand même à plus manger que sur mes autres courses. Mais je trouve frustrant cette différence d’envie de manger entre ma phase de reconnaissance et la phase course. Pourtant je suis grosso-modo dans les mêmes conditions (chaleur, altitude…)

Je m’interroge toujours sur ce qui impacte cette différence : Est-ce le stress ? le rythme plus rapide ? l’accumulation de la fatigue ? l’heure de la journée ?


KM90 – Rimbach

Section de course : 14km / D+470 / D-1080 / Temps section : 3h13

Temps de course total : 15h08 / Cumul D+ : 4590m / Cumul D- : 4420m / Place : 25

Profil tronçon 6/15 de l'infernal trail

Qu’est-ce qu’elle est dure cette première descente après le passage du ballon ! Aussi dure que la vue est belle ! Des gros blocs de cailloux irréguliers obligeant à forcer sur les quadri à chaque pas pour ralentir.

La montée du milieu est une délivrance. Puis la deuxième descente, un peu moins raide mais toute aussi cassante. La petite zone de plat dans de l’herbe à l’arrivée sur Rimbach fait plaisir. A l’approche du village, j’entends mes supporters de luxe chanter :

Il descend de la montagne en sandales, Il descend de la montagne en sandales ! Il descend de la montagne, il descend de la montagne, il descend de la montagne en sandales !

Je m’étais préparé mentalement à ce que cette portion soit longue. Je me disais : “Tu sais que c’est long, tu sais que c’est dur et c’est OK ! Vas y tranquille et penses uniquement à t’économiser dans la descente, c’est ton moment de relâche. Kiffe ! Va pas te flinguer les quadri, tu en auras besoin sur les 100 prochains km“.

Et au final elle est mieux passée que ce que j’attendais. Le fait d’avoir partagé un moment de course avec 3 coureurs m’a aussi aidé à trouver le temps moins long.


KM100 – Saint-Amarin

Section de course : 10km / D+440 / D-600 / Temps section : 2h04

Temps de course total : 17h12 / Cumul D+ : 5030m / Cumul D- : 5020m / Place : 28

Profil tronçon 7/15 de l'infernal trail

Une montée régulière avec quelques raidillons sur la fin. Puis une longue descente sur St Amarin que j’ai en grande partie partagé avec mon papa qui était dans le coin. “Il faut que tu cours 100 bornes pour que je puisse courir avec toi“. Ca je l’ai entendu plusieurs fois dans la descente. 🙂

RAS


KM108 – Le Haag

Section de course : 8km / D+800 / D-10 / Temps section : 2h06

Temps de course total : 19h19 / Cumul D+ : 5830m / Cumul D- : 5030m / Place : 24

Profil tronçon 8/15 de l'infernal trail

Portion courte, portion de montée. La régularité de la pente fait du bien. Je ne suis pas allé très vite, mais j’ai pu grimper sur un rythme constant. Arrivé en haut, je sais que j’ai passé la mi-course. Enfin ou seulement… ^^ Je ne sais pas trop. Difficile de concevoir dans la tête qu’il faut se renvoyer la même distance.

En haut, nous faisons face au Grand Ballon d’Alsace, le point haut du parcours. Maman et Arthur sont arrivés en renfort pour le support accompagnateur.

Je me sens encore vachement bien, je prends même le temps de discuter et plaisanter avec les bénévoles qui s’étonnent de me voir arriver jusqu’ici en sandales. Je change mes affaires un peu humide car la nuit va bientôt tomber et je repars avec Tanguy qui va faire cette portion avec moi.

Tout est au vert dans la tête. Je sens quand même la fatigue mentale. C’est la seule fois sur le parcours où j’ai eu une hésitation sur le balisage.


KM128 – Le Drumont – Mon point de bascule sur L’Infernal

Section de course : 20km / D+910 / D-1020 / Temps section : 7h

Temps de course total : 26h19 / Cumul D+ : 6740m / Cumul D- : 6050m / Place : 33

Profil tronçon 9/15 de l'infernal trail
Profil tronçon 9/15 de l'infernal trail

Petit passage sur les crêtes à la tombée du jour, c’est magnifique. Puis je bascule dans une longue descente. La nuit tombe vite car nous sommes dans les bois.

Arrivé en bas, il y a cette sorte de faux-plat qui nous emmène jusqu’au pied du Drumont. Je dis faux-plat car c’est plein de toutes petites relances. Juste quelques mètres à chaque fois mais c’est épuisant ! PS : Le drapeau français (voir photo), c’était pour le soutien à la France qui affrontait la Nouvelle-Zélande en ouverture du mondial de rugby ! 🙂

D’ailleurs au pied du Drumont, j’ai un énoooooorme coup de barre. Je me range sur le bas côté pour dormir à même le sol. Cette année avec la météo, je peux me le permettre. L’année dernière avec la pluie, c’était pas la même limonade !

Je m’endors 15min, direct sur les cailloux ! Puis, on repart pour la longue montée. Mais je ne suis toujours pas dans mon assiette. J’éprouve encore beaucoup de fatigue et je me sens très faible ! Ma maman et mon frère nous retrouvent vers la fin de la montée, un peu inquiets de mon état de forme !

Arrivé au sommet, je sais que je dois manger, mais rien ne veux rentrer. Je décide donc d’aller redormir un bon gros 1h20 sur un lit de camp. Lorsque j’émerge, je veux remanger, mais j’ai la tête qui tourne et l’envie de vomir. D’ailleurs j’ai failli rendre. J’ai froid aussi. Du coup, je demande une soupe, puis deux. Je reprends plusieurs fois du thé. Au fond, je pense que je suis en légère déshydratation.

Ca a l’air d’aller mieux, mais dès que je mange solide, ça me tire toujours dans l’estomac. La position assise me bloque le ventre. Alors je me mets dans une position chelou, à 4 pattes, tête vers le bas (un peu comme la position de l’enfant en yoga). Puis je mange dans cette position improbable… Et ça passe enfin !

Après 2h d’arrêt, je me sens prêt à repartir. Pas encore au top de ma forme, mais suffisamment pour reprendre confiance en moi. Tanguy me ré-accompagne sur cette portion.

La montée et le ravitaillement au Drumont ont failli me faire chavirer mentalement. Intérieurement je commençais à paniquer à l’idée de ne pas réussir à relancer la machine.

Physiquement et musculairement, j’étais bien, mais faire 80km dans cet état de faiblesse générale… J’aurais vécu un calvaire. Est-ce que “être finisher” vaut le coup de se faire du mal sur 80km comme ça ? Au point de se dégouter de la course, voire même d’impacter sa santé physique ? NON. Il fallait vraiment que je trouve les ressources pour redémarrer le système de digestion.

S’il y a un moment-clé à retenir sur cet ultra, c’est celui-ci. Le moment de bascule où tout aurait pu s’arrêter. Je suis très content d’avoir su prendre le temps à ce ravitaillement. Je le répèterai jamais assez : La Performance passe par le Bien-Être. Un pas en arrière nécessaire pour me ressourcer efficacement afin de repartir de l’avant.


KM146 – Cornimont

Section de course : 18km / D+650 / D-1160 / Temps section : 4h27

Temps de course total : 30h46 / Cumul D+ : 7390m / Cumul D-7210m / Place : 31

Profil tronçon 10/15 de l'infernal trail

Encore une longue descente. En sandales, dans la nuit, avec plein de petits cailloux, cela demande une attention extrême. Puis une montée peu agréable (d’après mes souvenirs) et une descente extrêmement raide par la piste St Joseph.

Tout droit le long des poteaux de remontée mécanique ! Avec un style à revoir, je descend à moitié à 4 pattes, à moitié sur les fesses. Ca chauffe les quadri. Mais j’y arrive ! Arrive ensuite un petit set de montées/descentes et on arrive sur Cornimont aux premières lueurs du jour !

Je mange un peu plus sur ce ravito que sur les précédents. Bien que ce ne soit pas encore la folie, c’est déjà mieux.

Petite anecdote, une membre de l’orga pense que je me suis arrêté car je repars en sandales. Non non, je cours bien comme ça madame. 🙂

Encore un peu de doute sur cette portion, je remonte tranquillement la pente du mental. Je ne veux pas m’enflammer (de toute façon je ne le peux pas encore ^^). La route est encore longue.

Ce qui me met un peu de baume au coeur… l’année dernière je m’étais arrêté à cet horaire de course !


KM154 – Col des Hayes (retour)

Section de course : 8km / D+640 / D-400 / Temps section : 2h27

Temps de course total : 33h14 / Cumul D+ : 8030m / Cumul D- : 7610m / Place : 30

Profil tronçon 11/15 de l'infernal trail

Je repars seul sur cette portion. Montée courte et raide jusqu’à la statue de la vierge qui domine Cornimont. Puis un peu de montée, un peu de descente, denouveau de la montée, un peu de descente. C’est une portion assez irrégulière que je fais à un petit rythme.

Les courses du 100 et 130km nous rejoignent. Ils sont partis à minuit ce matin, et sont encore frais ! Les premiers me dépassent comme des bombes !

Je suis un peu dans ma bulle, j’avoue je capte pas grand chose à cette portion de course qui se fait aux premiers rayons du soleil.


KM163 – Rochesson – Point d’abandon lors de mon édition 2022 de l’Infernal

Section de course : 9km / D+220 / D-490 / Temps section : 1h35

Temps de course total : 34h49 / Cumul D+ : 8250m / Cumul D- : 8100m / Place : 30

Profil tronçon 12/15 de l'infernal trail

Alix fait avec moi cette portion. Le soleil s’est bien levé maintenant. Et j’ai retrouvé des points de vie ! Un peu de montée au début, puis c’est surtout de la descente légère jusqu’à Rochesson, l’endroit où j’ai abandonné l’année dernière.

J’en avais bavé un an plus tôt car la pluie avait redoublé. Là je me régale, j’arrive à remettre du rythme (toute proportion gardée, hein, n’oublions pas que je suis à plus de 150km de course ^^).

J’ai l’impression de courir sur des oeufs. Premièrement pour être léger au sol et limiter les impacts en sandales. Ca, ca change pas depuis le départ. Mais surtout, je commence à avoir des tensions sous la voute plantaire. Rien d’alarmant car j’ai la même chose aux deux pieds mais c’est une douleur nouvelle, que je n’avais encore jamais eu.

C’est ni plus, ni moins que des courbatures, comme tout coureur peut avoir aux mollets, ischios, quadri… Mais, en courant en chaussures, on n’en a pas trop sous la voute plantaire car on ne les sollicitent que très peu.

Au ravitaillement à Rochesson, je mange ! Mais quand je dis, je mange. Je mange. Il y a des petits croque-monsieurs bien chauds, je me régale. Ca fait plaisir ! Le système digestif est parfaitement reparti ! YES !

C’est fou l’effet du soleil sur le moral ! La nuit, c’est un peu une bulle hors-du temps. Tout parait lent, terne, sans vie. Tu restes juste focus sur ton petit halo de lumière devant toi.

Là, pouwaaah’, c’est une explosion de saveurs en tout sens.


KM179 – Julienrupt

Section de course : 16km / D+740 / D-800 / Temps section : 5h25

Temps de course total : 40h14 / Cumul D+ : 8980m / Cumul D- : 8900m / Place : 34

Profil tronçon 13/15 de l'infernal trail

Ca y est, je viens de dépasser mon lieu d’abandon de l’année dernière. Dans tous les cas, je battrai mon record en kilométrage, temps, et dénivelé de course ! Ca a de quoi donner à balle le sourire !

Je fais cette portion avec ma maman. Et il n’est pas simple ce tronçon. Avec des morceaux très raides aussi bien en montée qu’en descente. Par contre, c’est magnifique à travers les bois, à moitié en escalade sur certains endroits. En haut de la première montée, je suis obligé de redormir un petit 15min car je somnole debout.

Un peu avant Julienrupt, on récupère le parcours du 70km. Ah, c’est une autre vitesse. Surtout en descente, je me fais enrhumer dès qu’il y en a un qui passe et autant dire qu’il y a du monde.

Au ravitaillement, c’est blindax ! Il y a du monde de partout. Je remange de la soupe, des pâtes, un peu de riz aussi il me semble. On me propose de me faire masser par des masseurs. C’est gentil, mais mon équipe de choc est tellement efficace que je n’en ai pas besoin.

Dans ma tête, je me dis que maintenant c’est bon, c’est ok. Il ne reste “que” 30 bornes, je serai finisher. Rien ne peut m’arrêter. Je suis inarrêtable. Lent, mais inarrêtable ! 😉

Le tout est de garder la tête sur les épaules, pour ne surtout pas faire d’erreurs techniques débiles qui pourraient me coûter le droit de finir.

Avant de repartir, j’écoute les différents messages audios que mes proches m’ont envoyé. Je constate seulement maintenant l’engouement qu’il y a derrière moi depuis 40h. Je ne suis pas loin d’avoir les larmes au yeux et je repars chargé à bloc.


KM194 – Les Founelles

Section de course : 15km / D+700 / D-490 / Temps section : 3h13

Temps de course total : 43h27 / Cumul D+ : 9680m / Cumul D- : 9390m / Place : 35

Profil tronçon 14/15 de l'infernal trail

Mon cousin Thomas repart avec moi. On fait le début tout doux, car c’est de la route et il fait très chaud. C’est une portion avec plusieurs petites cascades très jolies…

Encore une fois, c’est montée/descente plusieurs fois. Infernal ! Sur des terrains roulants et d’autres beaucoup moins. Je me sens extrêmement bien en montée où je dépasse du monde (même les 70km !). Par contre les descentes, c’est toujours poussifs. Et avec la plante des pieds qui hurlent, je fais quelques bons de côté quand un caillou appuie un peu trop sur la zone douloureuse.

J’aime beaucoup les commentaires des coureurs du 70km que je rencontre : “Ah mais c’est donc vrai, il y a vraiment un gars en sandales ! Franchement bravo, on entends parler de toi à chaque ravito !” A défaut de faire l’attraction à l’avant de la course, je suis l’attraction de la mi-course 🙂

Je suis dans un perfect mood. Sur mon nuage, j’avance calmement jusqu’à ce dernier ravitaillement avant la fin.

Je constate que je ne mange plus rien entre les ravitos. Par contre je fais des arrêts plus longs sur les zones de ravitaillement où j’arrive à engloutir plus de choses. Je me demande si c’est pas le cumul effort + digestion qui me donne ces nausées de la mi-course.

A trop vouloir bien faire et avoir un apport nutritif régulier, je perturbe mon estomac. Alors qu’un apport moins régulier mais plus conséquent me conviendrait mieux. A méditer.


KM208 – Saint-Nabord – FINISHER DE l’INFERNAL

Section de course : 14km / D+530 / D-820 / Temps section : 2h59

Temps de course total : 46h27min25s / Cumul D+ : 10210m / Cumul D- : 10210m / Place : 33

Profil tronçon 15/15 de l'infernal trail

Dernière section et la troisième nuit arrive ! Alix part avec moi sur les 7premiers km de cette portion ! Deux côtes méga raides tout droit à travers bois, c’est même pas des chemins, on monte à moitié à 4 pattes en pataugeant dans la terre meuble remuée par les précédents coureurs.

Ca commence à me tirer dans la fesse gauche, mais franchement c’est ouf rien ne m’arrête je continue de trottiner. Alix récupère mon super gang d’accompagnateurs et je finis les 7derniers km seuls.

Encore une grande montée. La dernière. Puis un très long faux-plat qui parait interminable ! Et enfin… enfin la dernière descente. Je ne sais pas trop comment on se débrouille, mais on se retrouve à un groupe de 15 coureurs. Tous à la queuleuleu.

Je pensais me faire larguer car j’étais à l’arrière du groupe et je connaissais ma peine en descente. Mais là on est dans un autre contexte. C’est la fin ! La fin d’un 200km, p*tain ! Mon cerveau, il est en mode Terminator. Je m’accroche derrière le groupe et sur la fin de la descente, je me surprend à dépasser tout le groupe comme une balle. Tout ce qui me restait d’énergie dans le moteur, je le crame sans compter.

Arrivé en bas de la descente, je poursuis mon effort, il reste un peu plus d’1km de plat. Je l’envoie à fond ! Nous sommes au 207ème km et j’ai une allure de 5min au km (ressenti 3min au km ^^). Autant dire que je vais 2 fois plus vite que n’importe quel autre coureur sur cette fin de parcours. J’ai la sensation d’être une fusée hypersonique, j’écarte les bras comme un avion, je vole, je pleure, je souris. JE KIFFE !

C’est bon, je vois l’arche d’arrivée, je ré-accélère, j’entends mon groupe d’accompagnateurs gueuler comme jaja ! Je double encore une dizaine de coureurs (aucun du 200km), allez encore quelques mètres. Oui, c’est bon, je passe la ligne ! Hurlement de joie, saut dans les bras d’Alix. Larmes au bord des yeux, je prends tous mes supporters dans les bras ! C’est la folie !

Il a fallu attendre le 206ème km pour toucher du bout du doigt l’état de flow ! 😀 Cet état de transe où tout est possible, tout est facile, tout coule de source. C’est tellement kiffant !

Frise décorative

Les points positifs

Une gestion de course aux petits oignons. Surtout la première partie jusqu’au Haag je dirais. Parce qu’après, c’est le mode survie enclenché. Ni trop vite, ni trop lent. Bien dans ma bulle au début et bien sur la réserve sur les endroits chauds pour m’économiser. Je finis rincé, mais pas explosé de fatigue et tout rouillé. La preuve de ma bonne gestion, je pense que c’est en regardant mes courbatures dans les jours qui suivent la course. OK le lendemain, ça coince (normal). Mais dès le lundi je marchais et descendais les escaliers normalement !

Je trouve qu’il y a une vraie différence de gestion de l’effort entre une course allant jusqu’à 100/120km et un format supérieur. Sur un format 100/120, il y a possibilité de partir vite (toute proportion gardée) et de limiter la casse. Sur un format plus long, c’est pas tenable !


Remobilisation mentale au Drumont ! Comme je le dis plus haut. C’est mon point de bascule ! Le moment où j’accepte que la course est plus forte que moi. Le moment où j’abandonne temporairement et je prends du recul pour mieux repartir.

J’accepte de dormir plus longtemps que ce que j’estimais au départ. J’accepte de ne pas repartir tout de suite, de bien manger et boire afin de relancer efficacement la machine. Bref, je décide de ne pas survivre dans la course, mais de vivre ma course ! C’est beau ça non ?


Une équipe d’accompagnateurs au top ! Bien sûr je ne veux pas que ma réussite repose entièrement sur eux car j’en deviendrai dépendant et ils ne seront pas toujours là. Je veux aussi être capable de me débrouiller seul. Mais avoir une équipe de soutien, c’est quand même un plus de dingue !

Et j’aurais eu tort de m’en priver alors qu’ils ont fait le déplacement, qu’ils ont la meilleure volonté du monde et que ça fait un bien fou au moral. Je les remercierai jamais assez du soutien qu’ils m’ont apporté que ce soit sur les ravitos, dans la course, et en partageant l’aventure sur les réseaux ! Merci, merci, merci ! <3 keur keur love


Les points à améliorer

Mieux gérer mes cycles d’alimentation. Je pense que je peux améliorer ma fréquence d’alimentation. Manger moins souvent, mais de façon plus conséquente. Je vais refaire quelques tests, mais je pense que manger trop souvent ça me balote et au final, je ressens un dégout de la nourriture sur le long terme.

En plus de ça, j’ai déjà constaté que je mangeais nettement moins sucré. Et je m’en porte beaucoup mieux. Je pense encore réduire. Un petit verre de coca, un petit fruit, une petite pompote de temps en temps et puis c’est tout. Pour le reste, j’ai envie de gras et de salé. C’est ça dont mon corps a besoin. Tout du moins sur des courses aussi longues !

Frise décorative

Allez, maintenant place à la récup. Je fais une pause de 3 semaines en course à pied. Je vais tranquillement reprendre avec du vélo, du yoga, de la marche et des travaux de maison ^^.

En octobre, je reprendrai avec des petits footings pour m’envoyer encore un ou deux petits défis sur cette fin d’année 2023. Juste pour le plaisir !

Sachant que l’objectif ultime de cette année vient d’être validé, le reste sera que de la cerise sur le gateau !

Un commentaire sur “Finisher Infernal trail 200km en sandales !

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